Le traducteur juridique à l’ère digitale.
Ces dernières années sont certes marquées par la crise sanitaire mais également par la rapide évolution des nouvelles technologies d’information et de communication, et le traducteur juridique doit évoluer dans ce monde dit de « l’instantané ». Citons par exemple le « Click and collect », le paiement immédiat, les livraisons dans l’heure… nous sommes tous programmés à la rapidité de livraison et le monde juridique est également concerné. Le client attend tout rapidement, donc un réel besoin pèse sur la rapidité du rendu. Le milieu juridique rime avec l’exigence, une condition souvent difficile à satisfaire face à ce monde où tout est livré dans l’heure et même les tests PCR ! C’est de plus en plus la course contre la montre... Ces tests ont souvent besoin d’être traduits et certifiés en cas de déplacement à l’étranger. Le traducteur juridique doit garder son calme et assurer les livraisons rapidement. Mais à quel coût et doit-on admettre une tarification à deux vitesses pour une traduction juridique faite dans l’urgence et une traduction rendue dans un délai standard, crise sanitaire oblige.
Par ailleurs, force est de constater que dans ce monde de l’instantané, le client est devenu de plus en plus exigeant et subit également l’effet de l’accélération des flux, et le traducteur juridique quel qui soit, en cabinet d’avocats où tout simplement travaillant à son compte, a besoin de jongler entre un délai de plus en plus serré et une traduction précise reflétant un travail de qualité et à la hauteur de sa réputation.
Cependant, une traduction technique nécessite forcement du temps et de la rigueur. Aujourd’hui, le traducteur doit faire face non seulement à l’exigence de ce monde de l’instantané mais également à la concurrence des logiciels de traduction, aujourd’hui de plus en plus performants. Par exemple, Alexa, une entreprise torontoise a lancé Alexa traductions, basée sur l’intelligence artificielle, qui vise à traduire des textes financiers et juridiques complexes.
Cet outil a la capacité de détecter la syntaxe et le contexte d’une phrase. Grâce à l’intelligence artificielle, le système se perfectionne sans cesse, permettant de rendre des traductions volumineuses à la vitesse de l’éclair. Le client juridique pourra ainsi économiser en temps et en ressources. Cependant, dans le secteur de la traduction juridique, la machine ne sera pas suffisante et l’homme a besoin de guider et traduire lui-même les fines nuances des textes.
Comprendre et traduire un texte juridique, peu importe son ampleur nécessite une certaine connaissance de la terminologie et du contexte juridique et des études de droit. Une machine, est-elle capable de stocker des connaissances juridiques et linguistiques en même temps ? Cela semble peu probable à l’heure actuelle. Nous pourrons appuyer en secours à la machine sous forme d’assistance robotique mais le traducteur doit assurer le rôle du guide pour ces outils.
Le traducteur juridique maîtrise et se forme continuellement pour assurer une connaissance parfaite du contexte de son texte et le style de chaque traducteur fait partie du choix du client et rendre chaque traducteur unique.
Alors, pour la bonne évolution de la digitalisation, une bonne dose d’humilité est nécessaire des deux côtés de la balance.
Jane Kochanski, Traductrice et expert près la Cour d’appel de Paris.